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ULIS | Cas d'écoles

Au collège Jean-Louis Etienne, l'ULIS comme facteur d'inclusion

Le collège Jean-Louis Etienne, à Mazamet (81), accueille une Unité localisée d’inclusion scolaire (ULIS). Un dispositif qui vise à favoriser l’insertion des enfants atteints de différents handicaps dans le milieu scolaire. Ces derniers passent une partie de leur à l’école avec un enseignant spécialisé et sont suivis par des Auxiliaires de vie scolaire (AVS) afin de faciliter leur scolarité.

C’est une salle de classe pas comme les autres, au cœur du collège. Sous les planètes du système solaire suspendues au plafond, douze tables disposées en carré, de manière à ce que tous puissent se voir. Aux murs, affiches et posters sont nombreux : tables de multiplication, conjugaison, alphabet, vocabulaire anglais. La classe renferme toutes sortes d’objets pédagogiques pour le moins inattendus : jeux de société, pièces de monnaie et autres livres en tout genre. C’est ici que Ludovic Le Tessier, enseignant coordonnateur de l’unité localisée pour l’inclusion scolaire (ULIS) donne ses cours.

Temps d’ulis, temps d’inclusion

Ils sont donc douze élèves, répartis dans l’ensemble des classes du collège à venir suivre une partie de leur scolarité ici, auxquels s’ajoute un collégien initialement en SEGPA qui vient également y suivre quelques cours. S’ils ont tous des difficultés qui ne leur permettent pas de suivre un cursus scolaire dit ordinaire, les handicaps rencontrés sont ici très différents : autisme, dyslexie, déficience cognitive ou encore épilepsie. Un défi pour l’enseignant de parvenir à concilier tous ces profils et de s’adapter à chacun.

C’est essentiel d’avoir un relais entre les différents espaces où est l’élève. De manière générale, on a de bonnes relations avec les enseignants, même si le rôle n’est pas toujours vu de la bonne manière.

Morgane Escande, AVS

Comme dans tous les établissements qui possèdent une classe ULIS, un des principaux objectifs est de permettre aux élèves de suivre un maximum de cours en classe ordinaire. C’est pourquoi ils sont chacun rattachés – par équipe de deux, afin de favoriser l’entraide – à une classe ordinaire. Les emplois du temps sont donc individualisés, en fonction des cours que chacun peut suivre avec sa classe, ce qui détermine les heures que l’élève vient passer dans l’ULIS. Le reste du temps, il est « inclus » dans sa classe. Une inclusion qui nécessite la coordination de tous les accompagnants : enseignant de l’ULIS, professeur concerné, mais aussi les auxiliaires de vie scolaire, qui ont un rôle primordial. « On n’intervient pas forcément beaucoup dans la classe mais plus en inclusion dans les classes ordinaires, pour créer aussi du lien avec les autres élèves et leur permettre d’accéder à une scolarité normale », détaille Morgane Escande, AVS au collège Jean-Louis Etienne. Un rôle social donc, mais aussi de continuité entre les deux environnements.

Parfois, on est une épaule sur laquelle se poser, on fait partie intégrante de la vie de l’élève. Je pense que c’est une bonne chose pour lui.

Morgane Escande, AVS

Le nombre d'enfants dans l'ULIS du collège Jean-Louis Etienne

Le rôle des AVS

Au collège Jean-Louis Etienne, deux auxiliaires de vie scolaire se relaient chaque demi-journée pour accompagner les élèves, à la fois dans leurs différentes classes d’inclusion et dans l’ULIS. Chaque élève est accompagné au moins une fois par semaine en inclusion.

Autre acteur impliqué dans la réussite de cette inclusion : le professeur qui accueille les enfants dans sa classe. « Avec moi, ils sont très bien intégrés dans les activités, dans les équipes, explique cette professeure de sport. Ils sont dans les équipes, et certains participent même aux championnats académiques. » Une insertion qui nécessite cependant quelques adaptations. « Ils ont des évaluations adaptées, ils sont notés en partie sur leur intégration au groupe, leur rapport aux autres, à qui l’on explique la situation. Ils sont le plus souvent bien acceptés de ce point de vue là. »

Apprentissages concrets et adaptation comme maître mot

La classe s’organise heure par heure, puisqu’en raison des temps d’inclusion, chaque élève a des heures de présence différentes dans l’ULIS. « Le plus important, c’est de savoir s’adapter au fur et à mesure, notamment en fonction des demandes particulières », précise l’enseignant. Au programme ce matin, une première heure de calcul, une deuxième de dictée et enfin, la dernière sera consacrée au visionnage et à la reproduction d’un tour de magie. « Cela aide à la mémorisation des étapes du tour. Les élèves ont besoin de concret pour apprendre et comprendre, ils ont du mal avec tout ce qui est abstrait. »

Il faut savoir s’adapter aux demandes de chaque élève.

Ludovic Le Tessier, enseignant coordinateur de l'ULIS

Voilà donc à quoi servent les pièces de monnaie : du calcul. C’est en effet en comptant des sommes d’argent que les six premiers collégiens présents vont résoudre les additions et soustractions proposées, bien aidés par les explications bienveillantes de leur professeur. Pendant ce temps, une élève est venue avec un devoir de mathématiques à rendre, elle s’isole donc pour le travailler en autonomie, faisant à quelques reprises appel à l’enseignant. « Il faut répondre aux besoins personnels des enfants. C’est par exemple la cas quand ils ont ce genre de travail à faire en dehors de leur classe », précise ce dernier.

L’enseignant coordinateur

Il s’agit d’un enseignant spécialisé détaché par l’éducation nationale. Sa mission est triple : enseigner dans l’ULIS, coordonner l’ensemble de l’équipe pédagogique autour des enfants handicapés, servir de personne ressource au sein de l’établissement.

La deuxième heure est plus chaotique. Seuls deux élèves sont présents, en raison de changements de dernière minute et de quelques absents. La dictée est remise à plus tard, il faut trouver d’autres travaux à proposer. Ce sera de la géométrie, avec des exercices adaptés à chacun. Arrive déjà la troisième et dernière heure de la matinée. La plus animée. Huit des douze élèves sont là, et vont pouvoir tenter de reproduire le tour de magie, qu’ils vont d’abord visionner en vidéo avant d’essayer de deviner comment il est réalisé. Les hypothèses ne manquent pas et la solution est bientôt trouvée. Il est l’heure de passer à la pratique. Répartis en petits groupes, les jeunes vont devoir reproduire une à une les différentes étapes qu’ils viennent de lister avec les cartes (consistant à en cacher certaines et les mémoriser, mélanger et couper). Chacun leur tour, ils piègent leurs camarades avec réussite. « Les jeux sont un très bon moyen d’apprentissage, explique Ludovic Le Tessier. On utilise aussi beaucoup le loup-garou, pour travailler tout ce qui est argumentation. » La sonnerie retentit. Place à la récréation. Un temps privilégié d’inclusion que tous vont pouvoir mettre à profit.

Texte et photos : Tom Binet

Qui aurait pensé qu’un tour de magie soit aussi instructif ?