Dans la pédagogie Montessori, il y a ce discours d’épanouissement de l’enfant et de l’attention à chacun.
Marie-Laure Viaud,La pédagogie Montessori est aujourd’hui l’une des plus célèbres pédagogies alternatives. On dénombre actuellement environ 22 000 écoles dans le monde, dont plus d’une centaine en France.
Selon Patricia Spinelli, directrice de l’Institut Supérieur Maria Montessori, « l’école traditionnelle instruit, apprend à lire et à écrire et transmet des savoirs. Notre finalité n’est pas la transmission des savoirs, mais la construction de l’être ». Cette pédagogie a, semble-t-il, le vent en poupe. « N’importe quelle école en France peut ouvrir sous le label Montessori. Aujourd’hui plus de 300 établissements se revendiquent de cette pédagogie. »
Qu’est ce qui est si attractif dans l’enseignement Montessori ? « Il est plus connu, plaît davantage et est plus acceptable. Il met l’accent sur les apprentissages fondamentaux. On apprend à lire, écrire et compter dès la maternelle. Et puis, il y a ce discours d’épanouissement de l’enfant et de l’attention portée à chacun », confie Marie-Laure Viaud, chercheuse en sciences de l’éducation. Là où la pédagogie Freinet est axée sur le collectif, Montessori met l’accent sur l’individu. Chaque enfant apprend à un rythme propre, qu’il convient de respecter. D’après Patricia Spinelli, « l’enfant est saisi dans toute sa dimension qu’elle soit sociale, affective, intellectuelle ou cognitive. L’accent est mis sur l’indépendance de l’enfant, par l’adaptation de l’environnement à lui-même. On cherche à construire la confiance en soi, la sécurité, la responsabilité ».
Un peu d’histoire…
La première école de type Montessori est créée en 1907 à Rome. Elle s’appelle alors la Maison des Enfants (Casa dei Bambini). Maria Montessori se voit confier un lieu, pour accueillir les enfants du quartier ouvrier de San Lorenzo. Elle met alors en pratique sa formation scientifique, observe les enfants, expérimente et crée du matériel en fonction de ses expérimentations. Naît alors une nouvelle pédagogie, qu’elle appellera « la Pédagogie Scientifique ».
Du côté de l’adulte, fini le « maître » place au « guide » qui crée un environnement favorable dans lequel l’enfant développe ses potentialités. Dans ce cadre, l’ « auto-apprentissage » est fondamental. Il se met en place par le sensoriel, avec un matériel spécifique appelé « matériel Montessori ». Pour Maria Montessori (1870-1952), médecin et pédagogue italienne, c’est entre la naissance et les 6 ans que l’instruction acquiert le plus d’importance : « l’intellect de l’enfant ne travaille pas seul, mais, partout et toujours, en liaison intime avec son corps, et plus particulièrement avec son système nerveux et musculaire ». Dès lors, cette pédagogie basée sur l’observation de l’enfant, voulant développer son « esprit absorbant » (capacité de l’enfant à forger sa propre personnalité en s’inspirant des autres) est, avec l’enseignement publique traditionnelle, l’école où le ratio enfants/professeurs des écoles est beaucoup plus élevé.
Reportage à l’école
La Découverte
A Castanet-Tolosan, près de Toulouse, à l’angle d’un lotissement tranquille : une maison attire l’attention. Sur sa devanture on peut y lire « école La Découverte ». Marie Farré, qui était auparavant professeure des écoles, a tout d’abord proposé des cours basés sur la pédagogie Montessori à huit enfants, depuis son salon. L’initiative a fait des émules, tant et si bien que l’ « association La Découverte » a fini par acheter une maison, pour la réhabiliter en véritable école. L’école La Découverte se démarque parce qu’elle mixe les pédagogies Montessori et Freinet. L’exercice démocratique fait partie du quotidien des enfants avec notamment des cadres collectifs propres à l’enseignement Freinet (conseil d’école entre enfants et enseignants, décisions prises par consentement entre parents et équipe pédagogique).
Au cœur des pédagogies alternatives, Montessori et Freinet se retrouvent également le développement de l’enfant en tant qu’acteur, afin de le doter d’un esprit critique.
Textes : Inès Hirigoyen et Florian Cauquil
Reportage radio : Florian Cauquil