De plus en plus d’écoles privées, principalement hors contrat, mêlent diverses pédagogies. Focus sur deux d’entre elles : l’école La Découverte (Montessori et Freinet), à Castanet-Tolosan au sud de Toulouse, et l’école du Blanc-Mesnil (enseignement traditionnel, apport de Montessori et Freinet), à Croix dans le Nord-Pas-de-Calais.
L’école La Découverte de Castanet-Tolosan (31)
Le mélange de plusieurs « pédagogies actives » est plus que palpable au sein de l’école La Découverte. Marie Farré, formée en pédagogie Montessori est à l’initiative de cette école. Si, au premier abord, il semble que les pédagogies Freinet (axée sur le collectif) et Montessori (davantage axée sur l’individualité) sont antinomiques, et de fait difficilement conciliables, les mêler est apparu comme une évidence pour la fondatrice. Et elle n’est pas la seule. Afin d’offrir un enseignement plus riche, certains spécialistes de ces pédagogies penchent en effet pour cette stratégie.
C’est le cas des enseignants formés en Freinet, qui exercent au sein de l’école. Caroline Le Calvez, la directrice, explique que l’équipe pédagogique essaie de « prendre le meilleur » de ces deux pédagogies. Concrètement, une demi-journée par semaine est pleinement consacrée à un enseignement où certains enfants travaillent en Montessori aux côtés de Marie Farré, pendant que les autres font des exercices en groupe avec d’autres membres de l’équipe pédagogique. Le fait qu’il y ait un nombre d’encadrants (enseignants, stagiaires, parents, jeunes adultes en service civique) très conséquent – 8 pour 18 enfants lors du reportage – contribue à offrir ces possibilités d’apprentissages individualisés, pendant que les autres enfants sont regroupés en petit groupe.
Si le reste de l’équipe pédagogique a eu des expériences en Freinet, elle a aussi reçu des formations en Montessori de la part de Marie Farré. A l’école La Découverte, les enseignants mettent aussi en avant la marge de manœuvre quasi-totale qui est la leur et la possibilité d’expérimenter. Ne pas se cantonner à une pédagogie de manière orthodoxe, c’est la philosophie adoptée par cette école où l’on apprend autrement.
L’adaptation des pédagogies
« La tendance lourde depuis quelques années, c’est Montessori. Elle est toujours n°1. Mais ce qu’on remarque, c’est que les écoles ne sont plus intégralement Montessori ou Freinet, mais mélangent les différentes pédagogies. » Diane Roy est responsable de la communication de la Fondation pour l’école. Créée en 2008, cette fondation est destinée à aider les écoles hors contrat. « Par exemple, beaucoup d’écoles indépendantes choisissent de former leurs professeurs aux méthodes Montessori, Freinet et Nuyts pour accueillir des enfants dyslexiques ». Diane Roy ajoute : « En fait, on pioche ce qui nous paraît le mieux dans chaque pédagogie alternative pour constituer un cours cohérent ». Autrement dit, « pour chaque matière, une pédagogie adaptée ».
L’enseignement privé
La loi Debré de 1959 distingue deux types d’établissements d’enseignement privés. Les établissements privés sous contrat sont liés avec l’Etat : le personnel enseignant est rémunéré par l’Etat, les biens sont financés par les frais d’inscription et l’enseignement est régi par l’obligation scolaire. Les établissements privés hors contrat, quant à eux, sont libres du contenu des enseignements dispensés dans la limite de l’obligation scolaire et ne reçoivent aucune aide de l’Etat.
L’école du Blanc-Mesnil – Croix (59)
Françoise Candelier a été professeure des écoles pendant 30 ans dans l’Education nationale avant de fonder, en 2009, l’école du Blanc-Mesnil où elle est bénévole. « L’école hors contrat est là pour pallier les défaillances de l’Education nationale. Elle accueille les enfants qui ont été abîmés, qui n’ont pas été pris en compte (comme les enfants précoces ou dyslexiques). L’Education nationale est faite pour avoir la moyenne. Dans les écoles hors contrat, on n’a pas d’administration qui nous empêche de faire redoubler un élève s’il en a besoin. On soutient les enfants en difficulté, on est plus vigilants. Quand j’ai créé cette école, je me suis beaucoup inspirée de l’école de la République, que j’avais connue dans les années 1960. J’ai repris les programmes et les méthodes et j’y ai ajouté le matériel Montessori (par exemple pour le calcul et les mesures en maternelle). Ce que je prends dans Freinet, c’est l’autodiscipline, l’autonomie dans le travail, l’autocorrection ».
© Scott Webb
L’école Les Didascalies – Toulouse (31)
A l’école des Didascalies (école toulousaine proposant un enseignement adapté et individualisé), la nature est souvent synonyme de temps de pause. Tous les jours, après 10h, les enfants et les adultes enfilent leurs chaussures, manteaux, bonnets et écharpes, sans oublier les gants. Et voilà que tout ce beau monde s’en va rejoindre un petit coin de nature dans la ville. A quelques minutes de marche de l’école, les enfants arrivent dans un parc municipal. Des balançoires d’un côté, des parcours pour grimper de l’autre, chacun trouve une activité pour se défouler. Parfois, les grands restent sagement assis sur un banc à discuter pendant que les plus jeunes se dépensent et n’arrêtent pas de courir. Naya, la chienne de l’association, est à l’écoute de ses protégés. Elle n’est jamais bien loin quand il s’agit de s’amuser avec eux.
C’est d’ailleurs le credo de toutes ces écoles dites et revendiquées « alternatives » ou « démocratiques ». La nature est une composante essentielle dans la pédagogie et l’apprentissage de l’enfant. Le vivant (animaux ou plantes), l’environnement dans sa globalité font partie de son quotidien.
Inès Hirigoyen et Florian Cauquil
Vidéo : Inès Hirigoyen
L’école hors contrat est là pour pallier les défaillances de l’Education nationale.
Françoise Candelier,