Ouvert il y a un an et demi, le centre Epide (Etablissement pour l’insertion dans l’emploi) de Toulouse a bien grandi. Il recrute aujourd’hui 150 jeunes en rupture scolaire et en recherche de cadre.
7 heures du matin, le soleil n’est pas encore levé et pourtant, Fatna a déjà bien entamé sa journée. Volontaire à l’Epide depuis deux mois et demi, Fatna est debout depuis une heure et a commencé ses travaux d’entretien collectifs quand nous arrivons au centre. Cette Espagnole d’origine marocaine est arrivée en France à 17 ans. D’abord scolarisée en 3eme générale, elle a poursuivi sa scolarité avec un CAP aide à la personne qui ne lui plaisait pas. Avant d’entrer à l’Epide, elle a vécu 9 mois de recherche d’emploi, en vain, sans diplôme et parlant très peu le français. Aujourd’hui, elle est décrite par ses formateurs comme « volontaire modèle » toujours motivée.
Comme elle, 150 jeunes, de 18 à 25 ans, sont recrutés chaque année par le centre toulousain. Souvent en rupture scolaire, sociale ou familiale, ils viennent chercher un cadre dans cet établissement citoyen d’inspiration militaire. Uniformes, cheveux attachés pour les filles, rassemblements et levée de drapeaux sont le quotidien des volontaires. Ils participent également à des travaux d’entretien collectifs consistant à nettoyer les zones communes telles que les douches ou le réfectoire.
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Pourcentage de jeunes de l'Epide qui ont arrêté leur scolarité avant la fin du collège ou en cours de CAP
Les jeunes divisent leur journée entre cours d’enseignement général de remise à niveau et cours d’insertion professionnelle en collectif ou en entretien individuel. A l’Epide, les volontaires ont également la possibilité de passer le code et le permis ainsi que le CFG (certificat de formation générale). Afin de valider leur projet professionnel, ils peuvent aussi réaliser des stages. Le projet de Fatna : travailler avec les enfants en crèche ou en animation. Même si l’adaptation a été dure au début, Fatna perçoit maintenant l’Epide comme une « famille ». Elle a notamment pu améliorer son français parlé : « j’étais très timide au début », explique t-elle.
Quand tu n’as pas de diplôme, c’est dur de trouver un travail.
Fatna, volontaire à l'Epide de ToulouseDes cadres pour accompagner les jeunes
A l’Epide, les conseillers en éducation et citoyenneté (CEC) ont un rôle important auprès des volontaires. Ce sont les responsables de section, ils accompagnent les jeunes du matin au soir. Au total, l’Epide est composé de 5 sections de 30 volontaires chacune. A chaque cours pédagogique, la section est divisée en groupe de deux. Le conseiller éducation et citoyenneté donne le cadre nécessaire aux jeunes en étant son référent et en l’accompagnant dans sa vie quotidienne. Un jonglage permanent entre le collectif et l’individuel.
Anne-Sophie Lemaire, ancienne animatrice devenue éducatrice, est responsable CEC de la section Forgues, dont Fatna fait partie. Un nom de section dont Anne-Sophie est fière qui représente « l’ouverture d’esprit » de l’Epide. En effet, Sandra Forgues est une personnalité toulousaine transgenre, ancienne championne olympique de canoë biplace sous le nom de Wilfrid Forgues.
Les volontaires arrivent avec des bagages chargés.
Afin d’accompagner au mieux les volontaires dans la construction de leur projet, un cadre d’insertion professionnelle intervient à l’Epide. C’est le cas de Rajia Kaddouri, formatrice au centre Epide toulousain depuis février . Avec ses 14 ans d’expérience pour différents publics, cette formatrice a choisi l’Epide pour son « offre pluridisciplinaire ». En effet, à l’Epide, les formateurs travaillent ensemble. En plus du cadre d’insertion professionnelle, les jeunes sont accompagnés par un formateur mobilité, un formateur social faisant office d’assistant social, une infirmière, entre autres. Rajia Kaddouri nous explique cette pédagogie basée sur une méthode canadienne.
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de jeunes de l'Epide insérés en emploi durable ou en formation qualifiante
C’est gratifiant quand on les voit évoluer, prendre en autonomie et s’impliquer dans leur projet.
Un reportage d’Eva Battut avec Mehdi Elouar